Association Eau Roc Explo
Gouffre de l'Avoir trouvé - Doubs
le 26/06/24
Jean-Paul, Fred
Texte et photos Fred.
Alors là, il y a de quoi raconter…
Accès au village d’Alaise depuis la vallée du Lison par une route étroite et sinueuse qui traverse de minuscules villages perdus au milieu de nulle part, ensuite, entrée au cœur d’une forêt de sapins jurassiens où ce jour ci une meute de bûcherons étaient affairés à l’abattage et au débardage.
(La veille déjà lors de l’accès au gouffre de Vau nous avions croisé des engins de débardage et il a fallu attendre un peu pour qu’on puisse passer)
TPST : 8h15
Equipement nécessaire pour le P12 d’entrée : C35, 1AN + 4S + dev. Pour le P65 : C100
Habitants rencontrés : 1 sangsue et beaucoup de crottes de chauve-souris.
La zone de bûcheronnage passée nous nous sommes garés sur le bas-côté du chemin forestier au plus proche des coordonnées de localisation du trou, nous avons débuté par la prospection du lieu en direction du pointage GPS et après plusieurs dolines d’effondrement inspectées mais qui étaient bouchées, nous avons trouvé l’entrée du gouffre.
Retour à la camionnette, qui n’est pas loin, pour se préparer.
Début d’équipement de l’entrée vers 10h45
Arrivés en bas du P12, nous sommes d’abord partis voir le réseau amont mais en voyant les bottes s’enfoncer de plus de la moitié dans la boue nous avons fait demi-tour.
Départ vers le réseau aval : Au début, ça commence par un méandre sec jonché d’ossements d’animaux qui aboutit dans une première petite salle remplie de blocs. La suite se trouve sur la droite au niveau du sol.
Pour passer, il faut franchir une dalle inclinée par le dessus puis se contorsionner en angle droit dans un espace réduit pour revenir dans la suite du méandre. Après plusieurs essais transpirants de JP, je lui propose finalement de faire tomber le baudrier avant de faire une dernière tentative. Ce fut ok et ayant également enlever tout mon matériel j’ai pu passer sans soucis.
Ensuite ça a été une succession de ramping et de marche dans la continuité du méandre jusqu’à ce qu’on atteigne la galerie aval.
De cet endroit, 2 chemins possibles : Soit la galerie Y ou bien le shunt.
Selon la topo le shunt c’est plus facile et plus rapide pour atteindre la grande salle H mais un conduit très étroit nous fait hésiter. (Heureusement d’ailleurs ! Vous verrez plus loin dans la suite du C.R.)
Le passage étroit au niveau du sol non inspecté et mis de côté nous passons finalement par le haut de la galerie.
A partir de cet endroit un rafraichissement très perceptible de l’air ambiant se fait ressentir. Dans le cheminement suivant se succède, toujours dans un genre de méandre, des zones étroites, des blocs à franchir et même une chatière ! puis ont fini par déboucher à la perpendiculaire d’une diaclase à 3 m de hauteur.
A droite selon la topo, ça se termine. A gauche, direction salle H par le méandre en Y.
Un courant d’air très frais parvient à nous de cette zone.
La progression dans le méandre Y, qui est très joliment concrétionné avec des nuances de blanc et d’orange, se fait parfois par le bas en marchant, parfois il faut grimper en oppo car trop étroit. Heureusement le Kit lui il passe toujours bien, peu importe où qu’il soit.
Après une bonne quantité de sueur laissée dans ce méandre, nous débouchons enfin dans la grande salle H. Objectif amplement mérité. D’ailleurs nous imaginons le bonheur des découvreurs lorsqu’ils étaient arrivés dans cette salle à l’époque de la première explo de ce gouffre. (Apparemment c’était le club des spitteurs fous).
Pause casse-croute dans cette salle de très bonne dimension jonchée d’énormes blocs tombés du plafond. Il y a énormément de crottes de chauve-souris ici et à l’opposé de nous on entend de l’eau qui coule.
Après avoir bien mangé et pris un peu de repos nous avons remis nos baudriers pour nous diriger vers l’extrémité de la salle en direction du puit de 65m. Nous étions bien contents de nous remettre en marche car il faisait froid.
C’est en nous dirigeant vers la dernière paroi que nous avons distingué 2 spits au mur. Ces 2 spits doivent bien servir à quelque chose pourtant il n’y avait aucune verticale apparente. Mais là ! Juste sous nos pieds ! Une petite désescalade entre de gros blocs l’a laisser apparaitre, l’énorme puit de 65m ! Béant, noir sans fond même avec tous les éclairages au maximum ! impressionnant !
Avec les efforts que nous venions de faire pour atteindre cet endroit il n’était finalement pas très raisonnable de le descendre ce P65 ! Surtout que nous n’étions que 2 spéléologues.
Un couac quelconque ici engendrerai un secours spéléo catastrophique car il n’y a aucun accès direct.
Mis à part forer depuis l’extérieur je ne vois pas comment une civière pourrait passer dans cette cavité ! La décision a donc été d’équiper la tête de puit et d’y descendre de quelques mètres pour prendre une photo et ce faisant j’ai d’ailleurs remarqué que du départ il y avait un frottement de corde et que pour le descendre en toute sécurité il aurait fallu chercher d’autres amarrages beaucoup plus loin. Accessibles uniquement par équipement d’une main courante plein vide.
La photo de prise, j’ai fait une conversion pour remonter et la décision de trouver notre chemin de sortie a été prise.
Le retour :
Etant donné le cheminement merdique d’entrée pour arriver jusque dans la grande salle H nous avons réinspecter la topo pour trouver la direction du shunt qui selon le plan est beaucoup plus rapide.
Pour y aller, nous avons traversé la salle H jusqu’à l’opposé. Avons découvert une mini colline de gours bien ruisselants, donc séance photo oblige. Puis le passage se trouvait au fond à droite. Allez hop la ! encore un petit ramping et là, JP me dit » ça ne passe pas ! »
Notre matériel étant déjà dans les kits je lui suggère d’enlever le casque pour essayer à nouveau mais ça ne passe toujours pas ! j’essaye moi-même et c’est idem ! Un béquet rocheux sur le côté du passage nous rentre dans la cage thoracique ! faut être minus pour passer par là donc pour nous malheureusement ce sera demi-tour pour reprendre le chemin de l’aller comprenant, le méandre Y, la chatière, les rampings et autres joyeuseries !
Nous n’étions réellement pas encore sortis de l’auberge ! Mais finalement, mis à part l’obligation d’enlever le casque une deuxième fois pour repasser l’angle des blocs de la salle avant le puit de sortie, ça a été.
Retour en surface bien cuit vers 19h.
Conclusion : Malgré les difficultés, cette cavité est à refaire à plusieurs une prochaine fois, rien que pour descendre le P65. Surtout que maintenant nous connaissons le chemin.