Association Eau Roc Explo
L'histoire naissante de Charstelenbach
De 2006 au 18 novembre 2015!
Dom, Gérald, Timo, Patrick, Jean-Mi, Olivier
Texte Courtois et photos Stamwiz et Courtois
Mercredi 18 novembre verra enfin la fin d'un rêve...
Nous remettons notre fardeau sur les épaules, et remontons vers le lac. Nous ne sommes que 2 (Timo et moi), mais il s'agit là de la dernière possibilité offerte par dame météo, la neige etant annoncée pour cette fin de semaine.
L'encaissement est une fois encore incroyable, et bien que plus large, le débit est tel, qu'il n'en faudrait pas plus pour en interdire le passage. Nous descendons, les parois se resserrent...
Toujours un peu effrayés par ce qui nous attend. C'est incroyable, indescriptible... La lumière du soleil pénétrant dans cette profonde gorge dont les parois s'élèvent à plus de 100 mètres de haut. C'est tout simplement hallucinant. Les affluents dispersent parfois leurs embruns sur toute la largeur de la gorge, les descentes se font parfois à l'aveugle, sous un rideau d'eau masquant toute visibilité…
Ça y est, le ruisseau, plutôt la rivière de Chärstelenbach nous livre tous ses secrets et nous délivre de toute inquiétude, nous sommes dehors…
Carte d’identité :
Alt départ: 1920m dénivelé: 420m, longueur: 1800m Marche d’approche: 4h, marche retour: 2h
Matériel: Crampons, piolets, matériel d’encordement sur glacier, broches à glace, cordes 2 x 50m, matériel complet pour ré-équiper si besoin, lampes frontales.
Saison: de novembre à février, sec, froid, sans neige
Rejoindre le départ du canyon :
Il faut partir tôt et s’armer de patience…
Dans le canton d’Uri, quitter l’autoroute au niveau du village d’Amsteg, traverser le village et emprunter la superbe route qui va s’enfoncer dans la vallée de la Maderanertal après avoir décrit d’extravagantes courbes. Rejoindre ainsi le parking de la télécabine de Bristen, que bon nombre de randonneurs utilise.
Si vous ne possédez pas de droit de passage, poursuivez à pied, en utilisant le sentier le plus direct qui remonte le long de la rivière, en quittant la route goudronnée 200 mètres après s’être garé. Passer devant le restaurant « Legni », avant d’atteindre sur la rive opposée (rive gauche), le hameau de « Stössi », ne pas traverser la rivière, mais rester rive gauche pour atteindre le hameau suivant de Guferen (c’est ici que nous pouvons laisser les véhicules si nous avons trouvé le moyen d’obtenir un droit de passage).
A la sortie du hameau, traverser cette fois-ci la rivière par un joli petit pont, puis continuer de la longer par un beau sentier qui prend la direction du glacier Hüfi.
Au niveau du tout petit hameau de Blindensee, se trouve un pont qui nous permet de traverser le cours de la Chärstelenbach… Mais peu de chance que vous trouviez celui-ci… L’hiver approchant, le pont aura très certainement été démonté pour être mis à l’abri des intempéries… Heureusement, si vous êtes partis pour descendre le canyon, c’est que le débit doit vous permettre de traverser au sec… de bloc en bloc… à vous de choisir le lieu le plus adapté !
Une fois rejoint le sentier sur la rive gauche, tourner immédiatement à gauche pour entamer la longue montée en direction du fond de la vallée… Le sentier monte à flanc, traverse une immense moraine, poursuit à flanc jusqu’à un petit alpage. De cet alpage, une sente de berger traverse le flanc très abrupt pour rejoindre le glacier… Mais ce chemin est très exposé, surtout lourdement chargés, et nous y avons renoncé…
Nous avons donc poursuivit par quelques lacets notre interminable montée… Alors que l’on aperçoit le refuge d’Hüfihütte perché là haut, nous pouvons enfin quitter ce sentier vers la cote de 2200 mètres d’altitude, en suivant un azimut de 60°, en direction d’un petit sommet culminant à 2254m. Dépasser ce point culminant de 200 mètres en suivant le même azimut, puis descendre sur la gauche en cherchant les meilleurs passages à travers un gros pierrier (Az :300°), au début. Le long de cet itinéraire, ce trouve pas mal de cairns qu’il ne faut pas hésiter à suivre, surtout que la terrasse que nous voulons rejoindre et défendue par une barre rocheuse et un unique passage…
Poursuivre à droite sur cette terrasse (environ 2100m d’altitude), prendre à droite en direction du glacier, toujours en suivant les cairns qui vous éviteront bien des difficultés…
Nous voici devant une énorme langue de glace, qui nous domine de sa masse imposante, inquiétante…
A vous de trouver le passage le plus aisé pour y monter… EN 2015, et une fois sur le gros glaçon, nous avons pris la direction de la rive opposée, en passant rapidement devant un moulin, gravit un joli mur bien raide, descendu en rappel de l’autre côté (corde 30 mètres), avons atteint une petite ligne de crête puis fait un second rappel d’environ 45 mètres, très incliné mais avec de belles crevasse au pied, puis enfin poursuivit vers l’immense moulin proche de la rive opposée. Attention dans cette zone, y’a des gouffres ! De ce moulin, la roche de la rive droite n’est plus qu’à une quinzaine de mètres. Ouf !!!
Au cœur de Chärselenbach :
A partir d’ici, une série de rappels va nous conduire au fond de cette immense faille qui nous impressionne tous, et de terrasse en terrasse, nous rejoignons le fond du canyon… (voir topo). Ne partez pas de suite vers l’aval, allez faire un tour en amont… ça vaut le coup d’œil… Il y a quelques escalades à faire, sans grande difficulté, surtout si vous êtes un adepte du milieu souterrain et des oppositions… et du noir absolu…arrêt sur rien…d’ailleurs, sommes nous toujours dans un canyon ? Où sommes-nous sous terre ??? à suivre…
Vers l’aval, une petite cascade permet rapidement de rejoindre une ouverture béante, et un jet d’une trentaine de mètres nous extirpe de la montagne… c’est la fin de la partie souterraine, et le début de la partie plus aquatique.
Longer le magnifique lac glaciaire qui se déverse directement dans la seconde partie de Chärstelenbach.
Il est fort probable, que malgré l’éloignement des points de relais, ceux-ci aient fort soufferts et qu’il soit nécessaire d’installer de nouveaux points. En effet, aujourd’hui aux alentours de 200 litres par seconde, il ne faut pas oublier que son niveau normal de demain sera de 3 à 4 m/3, et que dire lors des crues…
Je ne m’attarderai pas non plus dans la description de cette partie, je vous laisse le soin de la découvrir en la caressant dans le sens du poil, mais n’espérez pas quitter le canyon au milieu du parcours, les parois sont hautes, très hautes. Et si dans la plupart des cas, on peut s’éloigner de la veine d’eau principale, ce n’est pas toujours le cas, en particulier en ce qui concerne la C25 où il est nécessaire de « crever » la gerbe ! Les lieux sont imposants, l’homme tout petit… On se fait discrets, respectueux, de peur d’irriter une quelconque entité résident en ces lieux et qui pourrait dessiner des obstacles plus inquiétants encore, plus difficiles à franchir…
Mais la sortie se présente devant nous, avec des rayons de soleil troublants, et la gueule du monstre nous délivre, esprit sein… Chärstenlenbach est un mélange de gigantisme…
Et le retour en bas de la vallée prendra encore bien 2 heures de votre temps… Traverser une partie de cette vallée devenue très large, puis traverser la rivière pour la longer rive droite jusqu’à rejoindre le point où vous avez traverser la rivière de bloc en bloc, là où les petits Suisses ont rangés le pont à l’abri des intempéries. Suivre ensuite le chemin à sens inverse…